jeudi 30 août 2007

Le mythe de Tetris


Si Sisyphe à bel et bien été condamné pour l'éternité à pousser son rocher au sommet d'une montagne, il doit bien toujours le faire en ce moment, non ?


Comme le châtiment lui a été imposé dans les temps ancestraux, il est quelque peu "primitif". Selon moi une torture bien plus aiguë aurait été de le faire jouer pour l'éternité à des jeux rétros infinis, tel Pacman et Tetris.

Pensez-y. Tetris, supposément un moyen de relaxer et de passer le temps de façons agréable, est en fait un supplice sans interruptions. C'est un travail absurde, dans lequel la victoire, de complètement nettoyer l'écran de blocs, est totalement identique à la défaite, qui se produit lorsque l'écran se rempli jusqu'au sommet et que la partie est reprise à neuf avec un nouvel écran vide.

Tetris, comme les mythes, peut nous apprendre certaines choses sur la condition humaine (ne me parlez pas de nature humaine car je ne crois pas qu'une telle chose existe) . Par exemple, chaque bloc peut être vu comme un défi à relever, jusqu'à ce qu'un de ces blocs reste coincé, créant alors un problème, une source d'anxiété qui provient en fait de notre inhabilité à tout intégrer dans un ensemble cohérent.

Je veux insister sur l'absurdité de la chose. Comment pouvons-nous continuer à jouer à Tetris, alors que la futilité de la chose est si mal masquée ? Comment pouvons-nous nous satisfaire de l'absurdité du monde, sans nous révolter ? La question est posée par Albert Camus dans Le mythe de Sisyphe. À 24 ans déjà, il proposait dans son essai la révolte comme seul moyen d'échapper au sentiment d'impuissance créé par l'absurde.

L'éloge de la fuite, de Laborit, est un écho au Mythe de Sisyphe de Camus. En effet, Laborit à reconnu le choix révolte/fuite dans une expérience faite sur des rats. Face à une situation anxiogène (chocs électriques à travers le sol de la cage, suite à l'activation d'un voyant lumineux) on a observé la réaction de rats ayant diverses manières d'évacuer leur stress : 1- la révolte, se battre contre un second rat, 2- la fuite, changer de pièce à chaque fois que le voyant lumineux est activé. Privé de ces deux options, l'activation du voyant lumineux entraîne un stress intense chez le rats, s'il a suivi une période de conditionnement auparavant.

Pour Laborit, l'absurdité de l'existence et la recherche de la réussite sociale sont aussi anxiogènes pour nous que le voyant lumineux l'est pour le rat. Comme la révolte implique normalement la mobilisation, le regroupement, elle ne résout que partiellement l'anxiété. Donc, la fuite... Ma fuite... On va se détendre en jouant à Tetris...

lundi 27 août 2007

Nouveau départ

Ce matin, je vais rencontrer le premier de mes deux groupes en Philosophie et rationalité.

Je ne suis pas nerveux, ce qui est inquiétant. Bon, pas asser inquiétant pour me rendre nerveux, heureusement. Ma classe du lundi est énorme : 48 étudiants! En grande partie, il s'agit d'étudiants et d'étudiantes en mode et en commerce de la mode. Je pense avoir trouvé quelques façons de rendre la philosophie pertinente pour leur formation.

Normalement, je conserverais ma stratégie usuelle, et prendrai le parti de la fuite. Mais j'ai tant de plaisir à avoir un public, à ce que des gens soient contractuellement obligés à m' écouter, que j'y reviens avec joie. Avec mes petites pinces analytiques, je vais aller jouer dans leur système nerveux semer le doute, réaligner leur schème conceptuel, dérailler la voie du train de leur conscience... Du moins, c'est mon projet.

vendredi 24 août 2007

Philosophie comme voie au bonheur...

Ça y est, après des années d'études en philosophie, j'ai découvert le secret du bonheur!

Voulez-vous l'entendre ? Non, je ne devrais pas vous le dire... "Le voyage compte plus que l'arrivée" et tout ça... Vous n'allez pas apprécier de toute façon... C'est beau, concis et élégant. Le secret du bonheur, ça doit se dire en une seule phrase, vous-voyez, parce que sinon on suspecte l'arnaque, on se doute bien que ça requiert des efforts, et ça on veut pas hein? Allez hop, après tout, je vous le dit, ça vous fera sauver du temps, parce que l'efficacité, le rendement, la productivité, vous savez, c'est important.
Alors, le secret du bonheur, c'est ...
Qu'il vaut mieux être riche et en santé que pauvre et malade.

C'est un grand philosophe de la tradition cynique qui l'a dit, il y a de cela très long temps. Peut-être le connaissez-vous ? Il se nome Yvon Deschamps.

mercredi 22 août 2007

Cioran


La conversation n'est féconde qu'entre esprits attachés à consolider leurs perplexités.

E. M. Cioran, Ébauche de vertige, p. 108

J'aime bien Cioran. En fait, je l'aime trop. Le seul problème, c'est de s'empêcher, dans le métro, d'avoir l'air pédant en le lisant... De toute façon, j'ai si souvent un sourire niait au visage, quand je lit l'un de ses aphorismes les plus cyniques, que je dois paraître comme un crétin. Pour faire suite à ce que j'ai dit sur Wittgenstein (car j'ai de la suite dans les idées, comme on dit) ...
Ce qui peut se dire manque de réalité. N'existe et ne compte que ce qui ne passe pas dans le mot.
E. M. Cioran, Ébauche de vertige, p. 102
Ce qui peut se dire est nécessairement virtuel, c'est-à-dire du domaine des représentations. Si je vous parle, je vous parle un peu de moi, puisque je ne saurai parler que du monde que je connais (mon monde, dirait W.) . Mais à quoi bon ? Si Cioran à raison, à quoi bon parler tout court, à quoi bon écrire, blogger ? Parce qu'en vieillissant, je perd le soucis du réel. Je me confesse, je ne suis qu'un personnage virtuel, Allie Cauldfield, un pseudonyme mal choisi, derrière lequel se cache un système nerveux, qui dirigent des doigts, derrière lesquels se cache un homme, dans sa bulle phénoménologique... Derrière laquelle, qui sait, l'inexprimable, l'espace rempli de philotes, rempli de consciences éthérées, 7 milliards de démiurges qui rêvent le même rêve, s'entrelacent en un tissu onirique en flottant à travers les étoiles...
... et peut-être, l'inexprimable, c'est qu'il n'y a rien, derrière.
Il n'y a pas un autre monde. Il n'y a même pas ce monde-ci. Qu'y a-t-il alors ? Le sourire intérieur que suscite en nous l'inexistence patente de l'un et de l'autre.
E. M. Cioran, Ébauche de vertige, p. 78

vendredi 17 août 2007

Pacman













http://saintgasoline.com/2007/03/15/video-game-philosophy/

Bon, je sais que ce n'est pas très respectable pour un bolgeur d'abuser du travail de ses congénères. Mais je ne pouvais pas passer sous silence ce cartoon, qui suit si bien ce dont j'ai parlé dans mon dernier post. Je vous conseil aussi de lire les autres strip de Saint-gasoline qui parlent de philosophie, car certaines sont hillarantes, malgré le fait qu'elles soient délibérément mal déssinées.

Sur un autre ordre d'idée, je suis vraiment hyped à propos du jeu Bioshock, qui sera en magasin le 21 août. Les créateurs du jeu on inventé un réel écosystème, dans une ville sousmarine utopique ayant virée au cauchemar. Dans cet environnement, le joueur peut choisir différentes mutations lui permettant d'avancé, au prix de sa propre humanité. Des choix moraux sont avancés, sans tomber dans le manichéisme. Chaque personnage possède ses motivations, asser complexes pour un jeux vidéo. La cerise sur le sundea est que les graphiques sont extraordinnaires, et le décore inspiré de l'art déco des années 20. Il y a une tonne de vidéos du jeux sur Gametrailers.com

mercredi 15 août 2007

Solipsisme dysthymique


L’un des passages m’ayant le plus marqué en philosophie provient du Tractatus Logico-philosophicus de Ludvig Wittgenstein.

5.6 Les limites de mon langage signifient les limites de mon propre monde.

5.62 Cette remarque nous donne la clé pour résoudre la question de savoir dans quelle mesure le solipsisme est une vérité.
Ce qu’en effet le solipsisme entend est parfaitement juste, sauf que cela ne se peut dire, mais se montre. Que le monde soit mon propre monde, cela se montre dans le fait que les limites du langage (du langage que moi seul comprend) signifient les limites de mon propre monde.

5.63 Je suis mon (propre) monde. (le microcosme)

5.632 Le sujet n’appartient pas au monde, mais il constitue une limite du monde.

Ludvig Wittgenstein, Tractatus Logico-philosophicus, trad. Pierre Klossowski, Éditions Gallimard, 1961

Il faut comprendre qu’ici, le monde dont il est question est celui des représentations, c’est à dire le monde phénoménal. Wittgenstein affirme que seul ce monde existe. Au-delà, qui sait ? En effet, là où s’arrêt ce qui peut être dit s’arrêt aussi la possibilité d’exprimer et de défendre l’existence d’un monde extérieur, de la réalité. Néanmoins il doit exister une réalité à laquelle correspondent nos représentations mentales, du moins le suppose-t-on quotidiennement. Mais comme Wittgenstein rejetait la relation d’identité en logique, il se voulait conséquent, et chercha à rejeter l’identité intuitive entre représentation et réalité, entre référant et référé. Ainsi s’est-il piégé dans un étrange « solipsisme », dans lequel il ne pouvait rien affirmer avec certitude qui ne soit dans « son monde » .

Pour illustrer le point, imaginez si, dans World of Warcraft était instauré une règle d’or, pour améliorer l’immersion des joueurs, selon laquelle il serait interdit de parler du « vrai monde » (du RL, ou Real Life, pour les non initiés). Toute conversation entre joueurs devrait se conduire comme une conversation entre les personnages du monde virtuel, sans jamais déborder ce cadre. Interdit de parler du dernier Die Hard, du vin que l’on boit en jouant, de ses problèmes amoureux… Dans ce contexte, imaginez qu’un vicieux petit malin, à forte tendance nihiliste, insulte, vol et tue les autres joueurs du monde virtuel, en justifiant ses actes par sa conviction que : « je ne cause de tors à personne, parce que seul moi ai une conscience ! ». Étant donné la nouvelle loi instaurée, les autres joueurs pourront bien protester, mais ce sera en vains. En effet, sans faire référence au monde non-virtuel, méta par rapport à celui du jeu, donc métaphysique, sans parler du « vrai monde » donc, comment pourraient-ils le convaincre qu’ils existent aussi ? Dans le contexte restreint du virtuel, tel que présenté ici, le solipsisme n’est pas plus vrai qu’il ne l’a jamais été, mais il devient pratiquement inattaquable. Comment répondre à un effronté qui nous demanderait : « Prouvez-moi que vous existez ! », s’il vous est impossible de parler d’autre chose que de votre avatar virtuel, qui lui n’existe pas (du moins il est incapable de penser qu’il existe !).

lundi 13 août 2007

Bible man

Parfois, je me dis que l'expérience virtuelle des jeux vidéos n'est pas si loin de l'expérience religieuse. Je m'explique...

Dans l'antiquité, Platon, inspiré de la philosophie de son maître Socrate, a affirmé l'idée contre-intuitive qu'il existerait en fait deux mondes : le monde sensible et le monde des idées. Le premier, nous le connaissons assez bien, c'est notre monde, celui que l'on voit lorsque l'on se réveil chaque matin, un monde d'objets éphémères. L'autre monde, auquel nous n'aurions accès que par les pouvoirs de l'âme, est le lieu des idées éternelles, soustrait au changement, le seul monde parfaitement intelligible, contrairement au monde sensible, qui lui est constamment en mutation.

Le christianisme a repris ces idées, mais les a adaptées aux besoins de leurs dogmes religieux. Ainsi, le monde des idées éternelles est-il devenu le paradis, refuge des âmes ayant souffert ici-bas, sur la misérable Terre, monde du sensible chez Platon. Par ce truchement conceptuel, des milliers ont su calmer leurs angoisses "mondaines", par le biais de la promesse d'une vie meilleure, dans un monde parfait.

Tout ceci m'amène à un jeu vidéo très populaire, du nom de World of Warcraft. Il s'agit d'un jeu de type M.M.O. , c'est-à-dire Massively Multiplayer Online. Dans World of Warcraft ( W.o.W ) les joueurs incarnent des personnages qui explorent un monde fantastique, tout en interagissant avec des milliers d'autres joueurs, par le biais d'une connexion internet. L'attrait, selon moi, de ce monde virtuel, la raison pour laquelle 8 millions de personnes y jouent, est qu'il constitue une soupape contre l'angoisse. Dans un sens bien restreint, il s'agit d'une "alternative" au monde du quotidien banal, de la compétition sociale, des faux-semblant, du travail aliénant, de l'angoisse et de l'isolement. C'est-à-dire que l'univers de Warcraft constitue en propre un monde parallèle, quelque peu semblable au monde platonique ou au paradis chrétien, dans lequel absolument rien de mauvais ne peut vous arriver, qui ne soit réparable ou bénin. W.o.W. peut être très excitant par moment, mais il ne saurait un jour devenir source d'angoisse, sans quoi il perdrait sa propre raison d'être
En somme, je suis étonné que personne n'ait encore avancé de culte voué au virtuel. En effet, quoi de plus immuable qu'un algorithme ?
Mais même s'il n'existe pas encore d'église de World of Warcraft, il n'empêche que ces deux "mondes", que sont le virtuel et le sacré, ont déjà entrés en collision... et le résultat en est catastrophique!

jeudi 9 août 2007

Hyper-réalisme

Lorsqu'une personne vous dit : "Je ne suis pas pessimiste, mais réaliste.", généralement, la croyez-vous ?

Des études en psychologie me portent à croire que, en fin de compte, ces éternels adeptes du verre à moitié vide n'ont peut-être pas tout à fait tors...

(...) malgré le fait que les dépressifs peuvent être plus pessimistes que le reste de la population, leur pessimisme est parfois plus réaliste que notre optimisme. (...) Par exemple, l'attente de succès est plus juste chez les dépressifs, au contraire des personnes "normales", qui surestiment leurs chances de succès (Lobitz & Post, 1979).

Kleftaras, G. , La dépression, approches cognitives et comportementales, L'Harmatan, Paris, 2004


Lorsque l'on compare les attentes des dépressifs par rapport à leurs propres performances, ces attentes correspondent généralement aux attentes de juges objectifs, ce qui n'est pas le cas de gens "normaux", qui, eux, surestiment généralement leurs chances. Ainsi, ceux qui affirment que les dépressifs souffrent de "distorsions cognitives", c'est-à-dire d'un décalage négatif par rapport à la réalité, peuvent aller se rhabiller. Le décalage, il se fait par rapport à une attitude plus "saine", celle du reste de la société.

Peut-être aussi, les erreurs et altérations positives dans la perception de la réalité que présentent les personnes "normales" sont d'une importance réelle pour le maintien de leur santé psychique (Alloy & Abramson, 1988)

Kleftaras, G. , Idem

Je crois personnellement que la sélection naturelle favorise cette stratégie bien précise, qui est, pour un être vivant capable d'anticiper le futur, de surestimer ses propres chances de succès. Ce phénomène naturel expliquerait certainement l'achat de billets de loterie, qui est un acte purement irrationnel (chose qui peut être démontrée statistiquement). À l'inverse, on voit clairement en quoi les dépressifs eux, ou hyperréalistes si vous voulez, courent à leur perte : stress, chances accrues de tentatives de suicide, troubles cardiaques... http://en.wikipedia.org/wiki/Dysthymia

Finalement, peut on vraiment dire que les dépressifs ont raisons ? Sont-ils si "réalistes" que ça ? Je vais laisser le soin à Montaigne de répondre à cette question, d'une façon fort vague...

Les hommes sont tourmentés par les opinions qu'ils ont des choses, non par les choses mêmes.


Montaigne, Essais

mardi 7 août 2007

Qu'est-ce que "L'éloge de la fuite?"

Bonjours et bienvenue sur mon blog, "L'éloge de la fuite".
Ce blog sera pour moi l'occasion de défendre une idée inusitée, qui est la convergence de la philosophie et des jeux vidéos. "Quel rapport?" me direz-vous ? Eh bien, pour ceux qui sont familiers avec ces notions, je voudrais ici exprimer mes remarques concernant tant la phénoménologie que l'idée de réalité virtuelle. (La phénoménologie est une branche de la philosophie qui s'intéresse à l'immédiat des données sensibles, comme étant l'essence des choses).
Ici, je n'hésiterai pas à parler de World of Warcraft, Grand Theft Auto ou Final Fantasy, au côté de citations de Renée Descartes, Bertrand Russell ou Ludvig Wittgenstein. Ceux que cela choque... Ce n'est pas votre blog, c'est le mien !
Mais pourquoi ce titre ? En fait, ce sera mon fil conducteur pour les premières semaines. Je vais m'inspirer du livre de Henri Laborit, Éloge de la fuite, dans lequel l'évasion dans l'imaginaire est présentée comme seul remède à l'angoisse contemporaine. Selon moi, les jeux vidéos trouvent leur raison d'être là, justement, comme lyrisme nouveau, espace sans étendue, au coeur duquel on se redonne le droit, perdu il y a longtemps, d'être émerveillé. Semblable au rêve éveillé que l'on nome "quotidien", le virtuel n'est pas plus une réalité, pas moins une représentation.
Je vous laisse sur une longue citation de Laborit. Elle exprime pour moi l'idéal que devrait adopter toute personne ayant une quelconque curiosité intellectuelle. C'est ce à quoi la réalisation de notre propre virtualité doit mener.
Quand les
sociétés fourniront à chaque individu, dès le plus jeune âge, puis toute sa vie durant, autant d'informations sur ce qu'il est, sur les mécanismes qui lui permettent de penser, de désirer, de se souvenir, d'être joyeux ou triste, calme ou angoissé, furieux ou débonnaire, sur les mécanismes qui lui permettent de vivre en résumé, de vivre avec les autres, quand elles lui donneront autant d'informations sur cet animal curieux qu'est l'homme, qu'elles s'efforcent depuis toujours de lui en donner sur la façon la plus efficace de produire des marchandises, la vie quotidienne de cet individu risquera d'être transformée. Comme rien ne peut l'intéresser plus intensément que lui-même, quand il s'apercevra que l'introspection lui a caché l'essentiel et déformé le reste, que les choses se contentent d'être et que c'est nous, pour notre intérêt personnel ou celui du groupe auquel nous appartenons, qui leur attribuons une "valeur", sa vie quotidienne sera transfigurée. Il se sentira non plus isolé, mais réuni à travers le temps et l'espace, semblable aux autres mais différent, unique et multiple à la fois, conforme et particulier, passager et éternel, propriétaire de tout sans rien posséder et, cherchant sa propre joie, il en donnera aux autres.

Henri Laborit, Éloge de la fuite, 1976, Éditions Robert Lafont, S.A. , Paris, p. 124